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Classe culturelle numérique – 1 ère B

Par : Grossmann Rouze Irma - Publié le 07/04/2021
Dans le cadre de la Classe Culturelle Numérique organisée par la Mission Laïque Française et animée par  Monsieur François BERREUR, metteur en scène et ami de l’auteur Jean-Luc LAGARCE, les élèves de 1 ère B ont eu pour consigne d’écrire une scène de repas qui trouverait sa place avant la scène 4 de la pièce…

Dans le cadre de la Classe Culturelle Numérique organisée par la Mission Laïque Française et animée par  Monsieur François BERREUR, metteur en scène et ami de l’auteur Jean-Luc LAGARCE, les élèves de 1 ère B ont eu pour consigne d’écrire une scène de repas qui trouverait sa place avant la scène 4 de la pièce théâtrale, Juste la fin du monde , 1990.

Cette pièce reprend la thématique du retour de l’enfant prodigue, thème cher à l’auteur, et a obtenu en 2016, grâce à libre adaptation cinématographique du réalisateur Xavier Dolan, le Grand Prix du Festival de Cannes.

Les élèves se sont lancés dans l’aventure de cette écriture en essayant d’approcher au mieux la langue de LAGARCE et l’esprit du texteIls ont voulu faire ressortir l’intensité dramatique des échanges jusqu’à l’arrivée du filsIls ont exprimé tous les espoirs, les doutes, mais aussi toutes les interrogations et les tensions que cette arrivée et cette attente pouvaient susciter chez les autres membres de la famille.

Bonne lecture !

Irma GROSSMANN ROUZE

Professeure de Lettres modernes

« En attendant Louis » :

Première partie
Scène 0

LA MERE- Enfin ! Mais tu étais où ? Où étiez-vous ?
Dis-moi, tu en as mis du temps, vous en avez mis du temps.
Tu as apporté les fromages ?
Où sont les fromages ?
Où est le Mont d’or ? Le Morbier ?

ANTOINE- Non ! Il n’y en avait plus.
Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?
Il n’y a rien à direIl ne reste plus rien.
Et dire que vous faites tout un plat pour lui,
lui qui est parti sans rien dire.

SUZANNE- Mais t’es vraiment grave Antoine.
Louis revient ! Il revient nous voir et tu es désagréable.
Tu as vu comment tu parles de ton frère ?
Je ne comprends pas ce qui lui arrive.

ANTOINE- Voilà, ça recommence !
Je n’ai rien dit, je n’ai rien fait, je n’ai rien dit de désagréable.
Il n’y a plus de fromage, à qui la faute ?

CATHERINE- Ça sent bon la Pôchouse.
Je crois savoir, enfin, j’ai cru comprendre, vous l’avez une fois évoqué,
c’est bien le plat préféré de Louis, n’est-ce-pas ?

ANTOINE- Oh non !
Pas cette rascasse que je déteste !
Je me demande, enfin, je me pose de sérieuses questions.

CATHERINE- Antoine, mon chéri,
s’il te plaît, calme toi.

ANTOINE- Vous savez quoi
je me tais, je ne parle plus.
J’arrête de dire, de penser.

LA MERE- Je n’ai plus cuisiné ce plat depuis son départ.
Je pensais, j’ai cru, j’ai toujours cru que ce plat ne verrait plus le jour
chez nous, en sa présence.

ANTOINE- Merde, ça en devient insupportable
Tu ne veux pas, vous ne voulez pas comprendre.

CATHERINE- Antoine, s’il te plait,
c’est un jour heureux,
cela doit être, devrait être un jour heureux.

LA MERE- Comme avant…enfin presque.
Louis revient, Louis est de retour.

CATHERINE- J’ai hâte de le rencontrer,
connaitre votre fils, votre frère,
Enfin, je veux dire, c’est un événement ça.
Il n’était pas venu à notre mariage.

ANTOINE- Enfin Catherine, n’en fais pas tout un plat,
c’est un homme comme un autre, ce que je veux dire,
le mot exact…la phrase exacte…
c’est juste un gars qui écrit des bouquins.

SUZANNE- Oh tais-toi Antoine ! C’est plus fort que toi.
Arrête de dire des conneries,
Douze années d’absence, aujourd’hui son retour,
Tu gâches tout !

LA MERE- Comme le temps passe.
Il te connaît à peine Suzanne,
il ne connait pas sa nièce, son neveu,
Où sont mes petits-enfants ?
Vous ne les avez pas emmenés avec vous ?

CATHERINE- On aurait bien voulu le faire,
on aurait dû le faire, mais c’était compliqué.
Les choses ne sont pas si faciles à organiser, au dernier moment.
Pour tout vous dire, on les a laissés chez ma mère.

ANTOINE- Pourquoi est-ce que tu dis ça ?
Je sens que ça va encore être de ma faute !

LA MERE- Mais enfin Antoine,
les enfants n’ont jamais vu leur oncle,
c’était l’occasion, enfin, ce que j’en dis.

ANTOINE- Pourquoi c’est si important ?
Mes enfants, nos enfants, lui.
Il ne connait pas Catherine.

SUZANNE- Lâche-nous un peu Antoine.
Je ne comprends pas ce que tu as.
Tu es insupportable.

ANTOINE- Je dois répondre quelque-chose ?

LA MERE - Antoine, mon fils, tu as toujours ce fichu caractère !
A quelle heure arrive-t-il ?

SUZANNE- Je ne sais pasIl n’a rien dit à ce sujet.
Je serais bien allée le chercher à la gare,
mais il n’a rien dit…rien précisé.
Il ne parle pas beaucoup.

CATHERINE– Oui, l’absence des enfants, c’est dommage,
une prochaine fois c’est sûr, il y aura une prochaine fois,
je lui parlerai d’eux, je leur parlerai de lui.
Une prochaine fois.

ANTOINE- Débarquer après douze années d’absence…
il doit avoir une sacrée raison.

CATHERINE- Louis nous annoncera sans doute quelque-chose,
de nouveaux projets d’écriture, oui, un prix littéraire, des projets de vie,
Oui, je l’espère…

SUZANNE- Il veut nous voir, il a fait ce voyage pour nous revoir, il a des choses à nous
dire,
avec ses mots à lui.

ANTOINE- Je ne sais pas pourquoi tu racontes ça

SUZANNE– T’es chiant Antoine, laisse-moi !
Je ne sais pas, j’espère, nous espérons, nous attendons,
ensemble, c’est tout.

CATHERINE– Oh ! Je commence à me sentir nerveuse,
cette attente me rend nerveuse,
je ne devrais pas dire cela,
j’ennuie tout le monde avec ça.

SUZANNE- Il arrive, j’ai entendu une voiture.
Approchons-nous de la porte d’entrée.

LA MERE- Mon fils…

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